Un devoir de mémoire transmis aux générations futures !
À l’occasion du 80ème anniversaire des bombardements de juin à août 1944, l’institut Lemonnier rendait hommage aux huit élèves et à l’enseignant morts cette année là. Une belle journée autour d’un programme riche en émotions.
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Programme de ce mercredi 22 mai 2024
9h00 : Messe célébrée par Mgr Jacques HABERT, Évêque de Bayeux-Lisieux
10h30 : Inauguration de la stèle commémorative
De 9h00 à 16h30 : Le Village de la Paix animé par les élèves et professeurs de l’institut Lemonnier
Une messe chaleureuse
La messe célébrée par Mgr Jacques Habert a été un premier moment fort de recueillement et souvenir.
Un événement mémoriel
Au cours de cette journée commémorative, une stèle a été dévoilée et inaugurée au coeur de la cour principale. Passionnée par la sculpture, Yvette Pichard, responsable du Secours catholique de Courseulles-sur-Mer, a bénévolement relevé le défi de réaliser cet ouvrage. Sur une pierre symbolisant les ruines après les bombardements, les branches symbolisent le retour à la vie et chaque disque de cette stèle représente une victime. Ce monument est un rappel éternel de la disparition de ces neuf membres de la communauté salésienne de l’institut Lemonnier et un symbole de gratitude envers tous ceux qui luttent pour la Liberté et la Paix.
Sous la présidence de Mgr Jacques Habert, Évêque de Bayeux-Lisieux, la cérémonie s’est déroulée en présence de :
Commandant Martial Lemière de la Délégation Militaire Départementale du Calvados,
Monsieur Arthur Delaporte, député,
Monsieur Marc Millet, Conseiller régional, président de la Commission Orientation Formation Apprentissage,
Monsieur Morgan Taillebosq, conseiller municipal de Caen,
Monsieur Jean de la Chaise, Président du Conseil d’Administration de l’Institut Lemonnier,
Colonel Jean-François Gautier, président de l’Association des Officiers de Réserve du Calvados,
Messieurs Guillaume Lecointre et Guy de Saint Martin de l’Union Nationale des Officiers de Réserve, de Madame Angélique Gautier, du centre du service national et de la jeunesse de Caen,
Capitaine Claude Lelaurin, chef du CIRFA,
Adjudant Ludovic Ernoux, chef du Centre d’Information Recrutement gendarmerie de Caen
Monsieur Teddy Brunet, président du Souvenir Français d’Audrieu.
La transmission nécessaire du devoir de mémoire
L’institut Lemonnier tenait à associer tous les jeunes élèves et étudiants de l’établissement dans cette célébration historique. L’institut Lemonnier s’engage à transmettre le devoir de mémoire. L’histoire de la Seconde Guerre mondiale et l’Éducation morale et civique sont au programme des classes de 3ème, Seconde et Terminale.
Ici, en Normandie, Caen et les côtes du Calvados ont été profondément marquées par le 6 juin 1944 et la bataille de Normandie. C’est chaque année que des projets pédagogiques sont menés au sein de l’établissement. Les élèves sont ainsi sensibilisés à l’importance de la tolérance, du vivre-ensemble et de la paix.
Un enjeu pédagogique pour l’équipe enseignante
Ce sont 3 projets pédagogiques qui ont accompagné toute la préparation de cet événement de commémoration :
- Un recueil de témoignages « Une pensée à ceux du passé »
- L’organisation de leur « Village de la Paix »
- La réalisation d’un pin’s commémoratif
Un recueil de témoignages « Une pensée à ceux du passé »
Publié en 500 exemplaires aux éditions « Le rire du serpent », un livret de 112 pages a été réalisé.
En cours d’Éducation Morale et Civique, accompagnés de leur enseignant Thierry Bogacki, les élèves de la classe de Seconde Générale du lycée agricole ont fait un travail de recherche dans les archives de l’établissement et aux archives de Caen, au Service Historique de la Défense des Archives des Victimes des Conflits Contemporains. Les bénévoles de l’association des ADB (Amis et Anciens de Don Bosco) ont contribué à leur faciliter la tâche. Il s’agissait de retrouver les noms des victimes, leur histoire et surtout de compiler les témoignages de l’époque. Ce sont ainsi plus d’une cinquantaine de documents, journaux, livres et autres supports qui ont enrichi ce recueil.
Un grand bravo à ces 6 élèves ayant contribué à la réalisation du recueil de témoignages « Une pensée à ceux du passé » : Safa FAKHIR, Jules FISK, Erine GAUTIER, Juliette GERVAISE, Baptiste LE FRANÇOIS, Louka LEPELTIER
Le Village de la Paix
Le Village de la Paix a été organisé et animé par les élèves de l’institut Lemonnier en partenariat avec 4 établissements du réseaux CNEAP Normandie (Conseil Nationale de l’Enseignement Agricole Privé) :
- le lycée de Tourville sur Pont Audemer
- le lycée Yves Vérel à Nonant-le-Pin
- le lycée de l’abbaye de Montebourg
- le lycée Giel Don Bosco
Ce village à vocation pédagogique s’appuie sur deux thématiques, le travail de mémoire et la Paix.
Des ateliers, des expositions, des documentaires et des rencontres sont proposés aux élèves des 5 établissements.
L’ouverture à l’international s’illustrait par la présence d’un groupe d’élèves allemands originaires de Rüsselsheim, dans la banlieue de Francfort sur le Maine et de Deepika, jeune étudiante en service civique, en provenance d’Inde.
Les uns et les autres ont animé des ateliers d’échanges et de découverte.
L’équipe éducative du projet :
L’équipe éducative du projet :
Thierry BOGACKI, professeur d’Histoire-géographie à l’institut Lemonnier, pilote coordinateur du projet
Nadège BENOIST professeur d’Éducation Socio-Culturelle au lycée agricole de Giel Courteilles
Maryse VEYTEL, professeure d’Histoire-Géographie au lycée agricole de Tourville sur Pont Audemer
Régis LEMONNIER : responsable de vie scolaire au lycée agricole de l’abbaye de Montebourg
Maxence AUMONT, responsable de vie scolaire au lycée agricole de Tourville sur Pont Audemer
Sophie MAHON, Responsable de vie scolaire au lycée agricole Veyrel de Nonant Le Pin
Exemples de projets qui ont servi d’appuis pédagogiques aux ateliers :
Mémoires d’Auschwitz
Sur les pas de Zalie, déportée du convoi 77
La réalisation de pin’s commémoratifs
En partenariat avec Entreprendre Pour Apprendre (EPA), la mini-entreprise « REPIN’S » de l’institut Lemonnier, constituée d’élèves des lycées général, technologique, professionnel et agricole, s’était donnée comme objectif de concevoir, produire et commercialiser des pin’s.
Pendant cette année scolaire, la création de 2 pin’s symboles de cet événement historique mondialement connu du D.day s’est imposée.
Celui (à gauche) du 80ème à l’institut Lemonnier, à tirage limité, a été distribué à tous les acteurs de l’évènement, communauté éducative et invités.
Celui, intitulé « Les 3 fleurs du Souvenir », (à droite) est proposé à la vente. La vente du pin’s « Les 3 fleurs du Souvenir » au prix de 5 euros se fait en ligne via www.repins.fr, dont 10% de la vente seront reversés à la Fondation des Bleuets de France.
Un grand merci aux 9 élèves associés de la mini-entreprise REPIN’S : Isalyne ANNE, Maël AUBERT, Clément FABRE, Marin GASSON, Hugo MARTEL, Léandry MAVOUNZA, Axel RAVAUX, Yoann SOUBRANE, Arnaud VANDUYSE
Cette équipe de jeunes entrepreneurs est accompagnée de Christophe ROUSSEAU, référent EPA de l’institut Lemonnier, Alexandre GRIGORIEFF, professeur d’anglais et François CALLU, bénévole membre des ADB.
En savoir plus ICI sur Entreprendre Pour Apprendre
L’ÉQUIPE ORGANISATRICE DE L’ÉVÉNEMENT COMMÉMORATIF
- Jean de la CHAISE, président de l’institut Lemonnier
- Teddy BRUNET, président du Souvenir Français d’Audrieu
- Jean-François GAUTIER, président de l’Union Nationale des Officiers de Réserve du Calvados
- Guillaume LECOINTRE, président de l’Union Nationale des Officiers de Réserve de Basse Normandie
- Jean-Michel HOTOT, secrétaire de l’association des ADB
- Daniel KONCEWIEZ, membre de l’association des ADB
- François CALLU, ancien adjoint en pastorale scolaire et membre des ADB
- Thomas POUTY, directeur de l’office national des Combattants et victimes de guerre du Calvados
- Benoît BERNARD, directeur général de l’institut Lemonnier
- Nicolas PIERRIER, chef d’établissement du lycée agricole de l’institut Lemonnier
- Thierry BOGACKI, professeur d’histoire et référent historique sur le projet
- Alain MIREY, professeur de mécanique et porte drapeau du Souvenir Français d’Audrieu
- Véronique GILOT, enseignante en fleuristerie au lycée agricole
Extraits du recueil de témoignages :
Edito de Benoit Bernard, actuel directeur général de l’institut Lemonnier
« Le 6 juin 1944 a été un jour marqué par une espérance attendue depuis de longues semaines, celle d’une libération. Le 6 juin 1944 a aussi été le théâtre de destructions massives, de pertes humaines lourdes, tant militaires que civiles ; L’institut Lemonnier n’a pas été épargné, détruit à plus de 80% lors des bombardements qui ont frappé la ville de Caen. Huit élèves et un enseignant ont été les victimes innocentes de ce grand moment historique, où la gloire, la joie, la détresse et le désespoir se sont intimement mêlés.
Je reste admiratif devant le message adressé aux élèves et familles par le Père Guillerm, message empreint d’une grande humanité et d’une grande foi en l’Homme en ces temps incertains de la sortie du conflit. Nous sommes encore aujourd’hui porteurs de cette vision optimiste de l’avenir, nous le devons en mémoire de ces temps terribles, nous le devons aussi pour que la mort de ces jeunes et de leur enseignant ne soit pas vaine. Ils devaient avoir des rêves d’une vie apaisée, d’un retour à une normalité, et ont mis toutes leur énergie dans leurs formations dans ce but. Nous pouvons pleurer ces vies perdues, ces espoirs enfouis sous les bombes. Mais nous pouvons aussi les porter dans nos cœurs, les faire nôtre pour qu’ils continuent à vivre et à prospérer. Au quotidien, l’institut, fort de son projet salésien, accompagne ces mêmes jeunes avec leurs projets, leurs espérances et parfois leurs désillusions. Portons haut cet optimisme qui doit faire de l’avenir un horizon, une source d’inspiration et non d’angoisse ou de peurs. Notre mission est bien celle-ci dans une Europe qui voit la guerre revenir à ses frontières et la misère frapper à nos portes.
Je remercie les enseignants et adultes qui ont accompagné les élèves qui ont porté ce beau projet de recueil. La relecture des témoignages, la mise en lumière de ces évènements, avec leurs yeux d’aujourd’hui sont autant de maillons importants dans la grande chaîne de la transmission de la mémoire. Que soit aussi remerciée l’association des amis et anciens de Don Bosco pour son aide dans les recherches documentaires. Que soient enfin saluées toutes
les associations patriotiques qui ont contribué, par leur présence lors de nos réunions de préparation et par leur investissement, à faire de la commémoration des victimes civiles de l’institut Lemonnier un temps fort des 80 ans du débarquement allié en Normandie. »
Extrait de la préface du Père F. Guillem dans « Les Échos de l’institut Lemonnier de 1945 » – Support d’informations
Le père Guillerm, alors directeur de l’institut Lemonnier écrit dans sa préface : « C’est la première fois, depuis mon arrivée à l’Institut Lemonnier, que j’ai l’avantage de m’adresser à vous par l’intermédiaire de notre bulletin ressuscité, renouant ainsi une tradition chère à mes prédécesseurs, une tradition qui leur permettait de vous tenir périodiquement au courant de la marche de la maison, de ses projets, de sa relation, de ses succès et de sa difficulté. […] l’ouragan est passé, jetant par terre les 4/5ème de l’établissement et abimant affreusement le reste. L’atelier de menuiserie a complètement disparu ainsi que le coin des machines à la mécanique. Six dortoirs, toutes les classes, toutes les études, la bibliothèque des professeurs et celles des élèves, l’infirmerie, les douches, la buanderie, la cave sans compter mon bureau et celui du père Econome […] Il y a tant de misères autour de nous… Je reçois, de temps en temps, des lettres admirables qui sont comme la véritable expression de la conscience française dans l’adversité. Je ne puis résister au besoin de vous citer celle-ci, reçue il y a quelques jours à la suite de mon appel en faveur de la taxe d’apprentissage : « Je vous accuse réception de la lettre que vous avez adressée à Madame X au sujet de la taxe d’apprentissage dont nous avions l’habitude de vous envoyer le montant. Je regrette de ne pouvoir le faire cette année. Madame X ainsi que ma femme et mes quatre enfants ont été tués au cours du bombardement du 07 juin. Notre maison d’habitation, nos entrepôts, avec la totalité des marchandises et du matériel, ont été la proie du feu et je n’ai pu sauver aucun élément comptable. J‘ai le courage de réinstaller mon commerce dès que les circonstances me le permettront, et chaque année, je ne vous oublierai pas.» Sans commentaire, n’est-ce pas ?… Alors, vous qui n’avez rien perdu, ayez la même hauteur d’âme. Selon vos moyens, venez au secours des petits Normands. Dès à présent, en leur nom, je vous dis : Merci » F. Guillerm